L'histoire d'Amnesty International
Amnesty International est née de l'indignation et du courage d'un homme. En 1961, après avoir appris que deux étudiants portugais avaient été emprisonnés pour avoir porté un toast à la liberté, l'avocat britannique Peter Benenson publie un article intitulé « Les prisonniers oubliés » dans les colonnes du journal The Observer.
Cet article marque le lancement de l'Appel de 1961 pour une amnistie, campagne mondiale au retentissement considérable. Repris dans différents journaux à l'étranger, cet appel à l'action était en résonance avec les valeurs et les aspirations de personnes du monde entier. Telle est la genèse d'Amnesty International.
Consultez notre chronologie interactive (en anglais).
Années 60
1961
L'avocat britannique Peter Benenson publie dans le journal The Observer un article intitulé « Les prisonniers oubliés », qui marque le lancement de l'Appel de 1961 pour une amnistie. C'est l'emprisonnement de deux étudiants portugais, arrêtés pour avoir porté un toast à la liberté, qui a amené Peter Benenson à rédiger ce texte. L'article, qui représente l'acte de naissance d'Amnesty International, est reproduit dans des journaux du monde entier.
La première rencontre internationale a lieu en juillet, avec des délégués d'Allemagne, de Belgique, des États-Unis, de France, d'Irlande, du Royaume-Uni et de Suisse. Ils décident de fonder un « mouvement international permanent pour la défense de la liberté d'opinion et de religion ».
Un petit bureau et une bibliothèque, gérés par des bénévoles, sont ouverts au cabinet de Peter Benenson à Mitre Court, à Londres. Un principe est établi : afin de renforcer l'impartialité de l'action, chaque groupe adoptera trois prisonniers venant d'horizons géographiques et politiques différents.
Lors de la Journée internationale des droits de l'homme, le 10 décembre, une première bougie - qui deviendra le symbole de l'organisation - est allumée dans l'église St Martin-in-the-Fields, à Londres.
1962
Une première mission de recherche est effectuée au Ghana en janvier, suivie d'une deuxième en Tchécoslovaquie (en faveur de l'archevêque Josef Beran, prisonnier d'opinion), puis au Portugal et en Allemagne de l'Est.
Amnesty International crée un Fonds en faveur des prisonniers d'opinion, destiné à aider les prisonniers et leurs proches.
Amnesty International publie son premier rapport annuel, qui évoque les 210 prisonniers déjà adoptés par 70 groupes dans sept pays. La Bibliothèque des prisonniers d'opinion contient des informations sur 1 200 cas.
Un observateur est envoyé assister au procès de Nelson Mandela.
Des groupes sont créés en Australie, en Belgique, au Danemark, aux États-Unis, en Grèce, en Irlande, en Norvège et en Suède. Lors d'une conférence en Belgique, il est décidé de fonder une organisation permanente qui sera baptisée Amnesty International.
Une nouvelle section est créée en Irlande.
1963
Sean MacBride, avocat irlandais spécialisé dans la défense des droits humains, est élu président du comité exécutif international, la nouvelle instance dirigeante de l'organisation.
Le Conseil international (CI) se réunit à Königswinter, en Allemagne de l'Ouest.
Amnesty International compte désormais 350 groupes. En deux ans, 770 prisonniers ont été adoptés, et 140 ont été libérés. Le Secrétariat international (le siège d'Amnesty International) est établi à Londres. Un Bureau de recherche, constitué de bénévoles, est créé pour préparer les documents de référence sur les emprisonnements politiques pays par pays.
L'archevêque ukrainien Josyf Slipyi, qui a reçu 7 000 cartes envoyées par des membres d'Amnesty International, est libéré de sa prison en Sibérie.
1964
Lors d'un Conseil international à Canterbury (Royaume-Uni), Amnesty International rejette, après débat, la proposition de reconnaître comme prisonniers d'opinion des personnes ayant eu recours à la force ou ayant prôné son usage contre des régimes oppresseurs. Cela signifie que des personnes comme Nelson Mandela ne sont pas reconnues comme prisonniers d'opinion, mais des campagnes continuent néanmoins d'être menées contre les conditions inhumaines de leur détention.
Au cours de cette même rencontre, Peter Benenson, alors secrétaire du Comité exécutif international, est nommé président de l'organisation. La première image de la bougie emblématique d'Amnesty International est dévoilée.
En trois ans, 1 367 prisonniers ont été adoptés et 329, libérés. Il y a désormais 360 groupes d'Amnesty International dans 14 pays. De nouvelles sections sont créées au Danemark, en Israël, en Norvège et en Suède.
L'ONU accorde à Amnesty International un statut consultatif.
1965
Amnesty International publie ses premiers rapports, sur les conditions de détention en Afrique du Sud, en Allemagne de l'Est, au Paraguay, au Portugal, en Rhodésie et en Roumanie. Elle soutient au sein de l'ONU une résolution visant à instaurer un moratoire sur la peine capitale - dans l'attente de l'abolition de ce châtiment - pour les crimes politiques commis en temps de paix.
Amnesty International lance une campagne mensuelle d'envoi de cartes postales à des prisonniers.
1966
Tandis qu'aux États-Unis les refus d'effectuer le service militaire au Viêt-Nam se multiplient, Amnesty International considère comme des prisonniers d'opinion tous ceux qui ne veulent pas faire la guerre.
Peter Benenson abandonne ses fonctions quotidiennes au sein d'Amnesty International et Eric Baker prend le relais à la tête de l'organisation.
Il y a maintenant 1 500 prisonniers adoptés, et 1 000 ont été libérés depuis la création d'Amnesty International.
De nouvelles sections sont créées aux États-Unis et en Inde.
1967
Craignant que les interventions ne compromettent la possibilité de voir des prisonniers libérés, Amnesty International s'abstient d'adopter des prisonnier d'opinion en Chine.
On dénombre 550 groupes dans 18 pays, et Amnesty International intervient en faveur de près de 2 000 prisonniers dans 63 pays - 293 recouvrent la liberté.
De nouvelles sections sont fondées en Finlande et en Nouvelle-Zélande. Le Secrétariat international déménage ses bureaux à Turnagain Lane, à Londres.
1968
Amnesty International se déclare opposée à la peine de mort pour les prisonniers politiques.
La première Semaine des prisonniers d'opinion est organisée en novembre.
Martin Ennals est nommé secrétaire général.
1969
En janvier, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) accorde à Amnesty International un statut consultatif. La barre des 2 000 prisonniers d'opinion libérés est franchie.
La Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale est adoptée.
Années 70
1970
On dénombre 850 groupes dans 27 pays. Cinq cent vingt prisonniers recouvrent la liberté au cours de l'année.
1971
Dans le monde entier, la presse, la radio et la télévision couvrent largement le dixième anniversaire d'Amnesty International. Cette année-là, 700 prisonniers sont libérés.
Des nouvelles sections sont fondées au Bangladesh, en Corée du Sud et au Mexique.
« Quand la première lettre est arrivée, on a eu l'impression d'un courrier venu de la planète Mars » - Marina Aïdova évoquant avec Amnesty International en 2006 la campagne de lettres en faveur de la libération de son père, Slava Aïdov, arrêté en 1966 parce qu'il avait cherché à acquérir une presse et imprimé des fascicules dénonçant le régime soviétique. Il a été libéré en 1971. Après la chute du mur de Berlin, en 1989, Marina Aïdova s'est rendue à Newbury (Royaume-Uni) pour rencontrer le couple qui avait posté la première carte postale reçue par son père en prison.
1972
Amnesty International lance sa première campagne internationale pour l'abolition de la torture.
1973
Amnesty International lance sa première véritable Action urgente, en faveur de Luiz Basilio Rossi, professeur brésilien arrêté pour des raisons politiques, qui qualifiera l'intervention de l'organisation de décisive : «Je savais que mon cas avait été porté sur la place publique et qu'ils ne pouvaient plus me tuer. Puis les pressions dont je faisais l'objet ont diminué et mes conditions de détention se sont améliorées ».
Au Chili, le nouveau régime accepte la venue d'une mission d'Amnesty International composée de trois membres et chargée d'effectuer sur place des recherches sur les allégations de violations massives des droits humains.
Amnesty International tient à Paris une conférence mondiale pour l'abolition de la torture au cours de laquelle un grand nombre de recommandations et de propositions sont émises. L'ONU adopte à l'unanimité une résolution inspirée par Amnesty International qui dénonce formellement la torture.
1974
Sean McBride, président du Comité exécutif international d'Amnesty International qui a consacré sa vie à la défense des droits humains, se voit décerner en octobre le prix Nobel de la Paix pour son action.
Un an après le coup d'État militaire au Chili, Amnesty International publie un rapport dénonçant l'oppression politique, les exécutions et les actes de torture sous le régime d'Augusto Pinochet.
Le Turc Mümtaz Soysal devient le premier ancien prisonnier d'opinion à être élu au sein du Comité exécutif international, la plus haute instance dirigeante d'Amnesty International.
1975
L'ONU adopte à l'unanimité la Déclaration sur la protection de toutes les personnes contre la torture, un texte en faveur duquel Amnesty International s'était fortement mobilisée.
Amnesty International compte 1 592 groupes dans 33 pays, et plus de 70 000 membres dans 65 pays.
1976
Lancement d'une campagne mondiale contre la torture en Uruguay.
En novembre, Amnesty International dresse la liste de 167 syndicalistes incarcérés dans 16 pays.
Destiné à récolter des fonds, un premier spectacle comique (Secret Policeman's Ball) est présenté à Londres par John Cleese et les Monty Python, en compagnie de nombreux autres artistes. Cette série se poursuivra les années suivantes avec d'autres comiques mais aussi des musiciens tels que Peter Gabriel, Duran Duran, Mark Knopfler, Bob Geldof, Eric Clapton et Phil Collins. Ces spectacles ouvrent la voie aux grandes manifestations caritatives comme le concert du Live Aid.
Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels entrent en vigueur. Ces deux pactes constituent ce qu'on appelle la Charte internationale des droits de l'homme.
1977
Amnesty International reçoit le prix Nobel de la Paix pour « avoir contribué à garantir les bases de la liberté et de la justice et avoir ainsi contribué à la paix dans le monde ».
La Conférence de Stockholm demande à tous les gouvernements d'« abolir immédiatement et totalement la peine de mort ».
La principale campagne de l'année est en faveur des prisonniers d'opinion. Joan Miró, Elisabeth Frink, Alexander Calder et Roland Topor font partie des artistes ayant créé des affiches pour cette campagne.
1978
Amnesty International reçoit le prix des droits de l'homme des Nations unies pour « ses contributions remarquables sur le terrain des droits de l'homme ».
1979
Amnesty International commence à travailler sur les assassinats politiques.
L'organisation publie une liste de 2 665 cas de personnes ayant « disparu » en Argentine à la suite du coup d'État militaire de Jorge Videla. C'est la première fois qu'Amnesty International est confrontée à un tel nombre de cas pour un seul pays.
Années 80
1980
Amnesty International lance sa première campagne contre la peine de mort.
Thomas Hammarberg est nommé secrétaire général d'Amnesty International.
1981
Amnesty International lance une campagne contre les disparitions forcées. L'organisation compte désormais 250 000 membres, adhérents et sympathisants dans plus de 150 pays ou territoires.
Amnesty International organise à Londres une veillée aux chandelles pour célébrer son 20e anniversaire.
1982
Le 10 décembre, à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'homme, Amnesty International lance un appel en faveur d'une amnistie mondiale pour tous les prisonniers d'opinion. L'organisation récoltera plus d'un million de signatures pour cette pétition qu'elle souhaite remettre aux Nations unies.
Amnesty International condamne les lois et les pratiques de l'apartheid et réaffirme son opposition aux traitements inhumains infligés aux personnes en raison de leur sexualité.
1983
Amnesty International lance une campagne contre les assassinats politiques et les « disparitions ».
1984
Amnesty International lance sa deuxième campagne contre la torture qui inclut un programme en 12 points pour l'abolition de la torture.
1985
L'organisation publie son premier dossier consacré à l'éducation aux droits humains, Teaching and Learning about Human Rights.
Lors de son Conseil international à Helsinki (Finlande), Amnesty International décide d'élargir son mandat pour y inclure le travail en faveur des réfugiés.
On dénombre alors plus de 500 000 membres, sympathisants et abonnés.
1986
Amnesty International célèbre son 25e anniversaire avec une anthologie intitulée Voices for Freedom (des voix pour la liberté), un hommage aux personnes qui ont combattu pour les droits humains défendus par Amnesty International.
La section des États-Unis lance une tournée de concerts rock intitulée Conspiracy of Hope, qui réunit entre autres U2, Fela Kuti, Sting, Peter Gabriel, Lou Reed et les Neville Brothers.
Ian Martin devient secrétaire général.
« Mon père, Fela Kuti, emprisonné [au Nigeria], a été libéré en 1986 grâce à Amnesty International, qui l'a adopté comme prisonnier d'opinion. Alors je suis l'un des milliers d'êtres dont la vie a été directement influencée par le travail d'Amnesty. Soutenez Amnesty et agissez pour les personnes privées de liberté d'expression ». - Message de Femi, fils de Fela Kuti, lors de la première du spectacle « Fela! », à Londres (Royaume-Uni).
1987
Amnesty International publie un rapport dans lequel elle écrit que la peine de mort aux États-Unis est marquée par le racisme, entachée d'arbitraire et contraire à des traités tels que le Deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP).
Entrée en vigueur de la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
1988
Une tournée mondiale de concerts est lancée à Londres pour célébrer le 40e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Parmi les artistes figurent Bruce Springsteen, Tracy Chapman, Youssou N'dour et Sting. Les concerts se donnent dans 19 villes dans 15 pays d'Afrique, des Amériques, d'Asie et d'Europe et sont vus par des millions de personnes lors de leur diffusion à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'homme.
Par la suite, le nombre de membres de l'organisation connaît une augmentation spectaculaire dans de nombreux pays.
Une nouvelle section est créée en Tunisie.
1989
Amnesty International lance une nouvelle campagne contre la peine de mort avec la publication d'un rapport important, intitulé Quand l'État assassine.
Années 90
1990
Le président brésilien Fernando Collor réagit immédiatement au lancement d'une Action urgente sur la torture et les exécutions extrajudiciaires dans son pays. Il déclare : « Notre pays ne peut pas être et ne sera plus désigné comme un pays violent. »
On dénombre 700 000 membres dans 150 pays et plus de 6 000 groupes de bénévoles dans 70 pays.
De nouvelles sections sont fondées en Sierra Leone et en Hongrie.
1991
Amnesty International célèbre son 30e anniversaire. À cette occasion, elle élargit son mandat aux exactions commises par des groupes d'opposition armés, aux prises d'otages ainsi qu'aux personnes incarcérées en raison de leur orientation sexuelle.
Après les changements politiques en Europe centrale et en Europe de l'Est, plus de 40 groupes d'Amnesty International sont mis en place dans tous les pays de la région. Par ailleurs, des sections sont fondées en Argentine, à Maurice et aux Philippines.
« À la prison de Mikuyu, où je me trouvais, il n'était pas permis de recevoir de lettres, de lire les journaux, d'écouter la radio… Pour une raison qui m'échappait, quelqu'un en Hollande m'a envoyé une carte postale. Et, bizarrement, cette carte postale est arrivée…Elle disait, en néerlandais « Un bonjour de Hollande ». - Jack Mapanje, détenu par les autorités du Malawi de 1987 à 1991 pour avoir critiqué dans ses poèmes le régime du président Kamuzu Banda. Il a été libéré grâce aux fortes pressions exercées par l'opinion publique dans le monde entier.
1992
L'organisation demande que cessent les atteintes aux droits humains perpétrées depuis des siècles contre les populations indigènes.
Amnesty International passe la barre du million de membres, avec 6 000 groupes, répartis dans 70 pays.
Pierre Sané devient secrétaire général.
Une nouvelle section est créée en Algérie.
1993
Amnesty International lance une campagne mondiale sur les assassinats politiques, les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires, intitulée Sous les mensonges, des vies brisées.
Lors de la Conférence mondiale des Nations unies sur les droits de l'homme, à Vienne (Autriche), des militants d'Amnesty International manifestent en présentant des Actions urgentes du monde entier.
Vera Chirwa, la plus ancienne prisonnière d'opinion en Afrique, est libérée après plus de 11 ans d'emprisonnement. Reconnue coupable de trahison sur la base de fausses accusations, Vera Chirwa avait été enlevée par des agents malawiens en Zambie, en 1981. « Chaque jour de liberté est comme un miracle pour moi. Sans Amnesty International, je ne serais pas là, devant vous, aujourd'hui. », déclare-t-elle.
1994
Amnesty International lance une grande campagne sur les droits des femmes, Femmes : une égalité de droits, ainsi qu'une campagne mondiale contre les disparitions forcées et les assassinats politiques.
Une nouvelle section est créée au Bénin.
1995
Amnesty International lance une campagne en vue de mettre fin au « commerce de la terreur ».
1996
Amnesty International milite en faveur de l'instauration d'une cour pénale internationale permanente, dont le principe sera adopté par l'Assemblée générale des Nations unies en 1998.
Lancement de la campagne Médecine et droits humains sur le rôle des professionnels de la santé dans la dénonciation des violations des droits humains.
1997
Amnesty International lance une campagne internationale en faveur des droits des réfugiés intitulée Respectez les réfugiés ! L'analyse des exécutions de condamnés à mort aux États-Unis montre qu'un Noir reconnu coupable du meurtre d'un Blanc risque 15 fois plus d'être exécuté qu'un Noir reconnu coupable du meurtre d'un Noir.
1998
Amnesty International lance la campagne Signer, c'est agir ! pour marquer le 50e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Treize millions de personnes s'engagent en faveur de la Déclaration.
Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale est adopté en juillet.
Lors de la Journée internationale des droits de l'homme, un concert réunit à Paris Bruce Springsteen, Tracey Chapman, Youssou N'Dour, Peter Gabriel et d'autres. Le dalaï-lama et des défenseurs des droits humains venant de différents pays du monde interviennent.
1999
Amnesty International élargit son mandat pour y inclure le travail sur l'impact des relations économiques sur les droits humains ; l'action pour donner aux défenseurs des droits humains les moyens d'agir ; la lutte contre l'impunité ; le développement de l'action en faveur de la protection des réfugiés, et le renforcement de la base militante de l'organisation.
Le Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes est adopté, ce qui signifie que le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes peut examiner les plaintes émanant de particuliers ou de groupes.
Amnesty International et cinq autres ONG internationales lancent la Coalition pour mettre fin à l'utilisation d'enfants soldats.
Années 2000
2000
Amnesty International lance sa troisième campagne contre la torture intitulée Pour un monde sans torture. Cette première campagne en ligne vaudra à l'organisation le Revolution Award de 2001 pour la « meilleure utilisation du courrier électronique ».
2001
À l'occasion de son 40e anniversaire, Amnesty International modifie ses statuts pour y inclure les droits économiques, sociaux et culturels, s'engageant ainsi davantage en faveur de l'universalité et l'indivisibilité de tous les droits inclus dans la Déclaration universelle des droits de l'homme.
À ce jour, Amnesty International a traité plus de 47 000 affaires, dont 2 000 seulement sont encore en cours. Irene Khan est nommée secrétaire générale d'Amnesty International. Le Conseil international se tient à Dakar, au Sénégal.
2002
Amnesty International obtient pour la première fois l'autorisation de se rendre au Myanmar, après l'avoir demandée pendant des années. Elle peut également se rendre au Soudan pour la première fois depuis 19 ans. Amnesty International se rend en Israël et dans les territoires occupés et dénonce des crimes de guerre perpétrés dans la ville de Jénine, en Cisjordanie.
Le Protocole facultatif se rapportant à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés est adopté. (La Convention relative aux droits de l'enfant avait quant à elle été adoptée en 1959.)
La 60e ratification du Statut de Rome permet l'entrée en vigueur, le 1er juillet 2002, de la Cour pénale internationale.
Début de l'action contre l'utilisation de la torture dans la « guerre contre le terrorisme » menée par les États-Unis.
2003
Amnesty International, Oxfam et le Réseau d'action international sur les armes légères (RAIAL) lancent la campagne mondiale Contrôlez les armes, qui a pour objectif d'obtenir l'adoption d'un traité international sur le commerce des armes.
Amnesty International est autorisée à se rendre en Irak pour la première fois en 20 ans.
Le premier prix Ambassadeur de la conscience d'Amnesty International est décerné à Vaclav Havel, ancien président de la République tchèque.
2004
Amnesty International lance la campagne Halte à la violence contre les femmes. Lors de la Conférence internationale sur le VIH/sida à Bangkok, en Thaïlande, le mouvement appelle au respect des droits fondamentaux des personnes vivant avec le VIH ou le sida.
2005
Amnesty International est la plus grande organisation de défense des droits humains indépendante, avec plus de 2 millions de membres et bien plus encore de sympathisants dans le monde. À l'ère de la « guerre contre le terrorisme », la campagne contre la torture introduit le principe « contre le terrorisme : la justice ».
Amnesty International lance la campagne Make Some Noise, un cocktail de musique, de festivités et d'action pour soutenir le travail de l'organisation. Yoko Ono cède à Amnesty International les droits d'enregistrement de la chanson Imagine et de tout le répertoire solo de John Lennon.
Peter Benenson, fondateur d'Amnesty International, décède à l'âge de 83 ans.
2006
Dans son rapport Partenaires dans le crime : le rôle de l'Europe dans les « restitutions » des États-Unis, Amnesty International décrit l'implication des États européens dans les transports par avion de terroristes présumés, capturés et incarcérés secrètement en dehors de tout cadre légal.
Amnesty International lance une campagne pour alerter une fois encore l'opinion publique sur la situation dans la région du Darfour, au Soudan, et appeler les Nations unies à mettre en place une réelle force de maintien de la paix.
La millionième personne ayant posté sa photo sur la pétition en ligne du « million de visages », lancée dans le cadre de la campagne Contrôlez les armes pour demander un traité sur le commerce des armes, remet cette pétition au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Avant la fin de l'année, 250 000 autres personnes signent la pétition.
Amnesty International et ses partenaires remportent une grande victoire lorsque les Nations unies décident, à une majorité écrasante, de commencer à travailler sur un traité relatif au commerce des armes qui renforcerait les contrôles sur les transferts d'armements.
2007
Amnesty International lance une pétition mondiale appelant le gouvernement soudanais à protéger les civils au Darfour. Pour mobiliser l'opinion publique, elle produit un CD intitulé Make Some Noise: The Campaign to Save Darfur, qui réunit 30 artistes de différents pays du monde.
À la suite de la mobilisation d'Amnesty International et de ses partenaires réunis au sein d'une coalition, l'Assemblée générale de l'ONU adopte la toute première résolution appelant à un moratoire mondial sur la peine de mort.
Nelson Mandela accepte le prix Ambassadeur de la conscience que lui remet Amnesty International, et il félicite l'organisation pour avoir placé la lutte contre la pauvreté au cœur de son action pour les années à venir.
Amnesty International organise des manifestations dans le monde entier pour dénoncer les détentions illégales à Guantánamo.
« Je dois à Amnesty International d'être en vie, et maintenant je consacre cette vie à militer contre la peine de mort et à sensibiliser l'opinion publique aux droits humains. » - Hafez Ibrahim, ancien condamné à mort yéménite qui a bénéficié d'un sursis en 2007 à la suite du lancement en sa faveur d'une Action urgente. Il a par la suite été gracié et libéré et a commencé à étudier le droit à l'Université de Sanaa.
2008
La campagne menée à l'occasion des Jeux olympiques de Pékin offre l'occasion de passer en revue la situation des droits humains en Chine et d'évaluer les progrès réalisés par ce pays à la fin de l'année. Cette campagne est l'occasion notamment de demander la libération de Hu Jia, prisonnier d'opinion et lauréat du prix Sakharov, décerné par le Parlement européen. Il est également demandé à la Chine de réduire le nombre d'infractions passibles de la peine capitale et de rendre public le nombre d'exécutions judiciaires ayant lieu chaque année.
La campagne mondiale d'Amnesty International pour la scolarisation des jeunes filles est lancée lors de la Journée internationale de la femme.
Dans le cadre de la campagne Halte à la violence contre les femmes, Amnesty International lance 16 jours d'action à travers le monde.
Pour célébrer le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, Amnesty International publie des documents et organise des manifestations dont le point culminant, le 10 décembre (Journée des droits de l'homme), est l'événement mondial Allumez la flamme !
2009
Amnesty International lance la campagne Exigeons la dignité, qui porte plus particulièrement sur la mortalité maternelle, les bidonvilles, la responsabilisation des entreprises et la façon de donner aux droits force de loi. L'organisation demande à la multinationale Shell de réparer les atteintes aux droits humains résultant de ses opérations pétrolières dans le delta du Niger, au Nigeria. Les thèmes de cette campagne se fondent sur les Objectifs du millénaire pour le développement de 2000 et montrent à quel point ces derniers sont loin d'être atteints.
Dans le cadre de la campagne Exigeons la dignité, Amnesty International organise une caravane composée de militants, de musiciens et d'une troupe de comédiens, qui sillonnent la Sierra Leone en allant à la rencontre de la population locale, notamment en zone rurale, pour discuter des problèmes liés à la forte mortalité maternelle dans ce pays. Cette campagne est menée en Sierra Leone et à travers le monde, et pousse le gouvernement à mettre en place des mesures pour la gratuité des soins de santé maternelle.
Aung San Suu Kyi, prisonnière d'opinion au Myanmar, reçoit le prix Ambassadeur de la conscience.
Amnesty International est désormais un mouvement mondial qui compte plus de 2,2 millions de membres dans plus de 150 pays.
2010
Une victoire historique est remportée en matière de droits des autochtones et de responsabilisation des entreprises lorsque le gouvernement indien refuse son aval à Vedanta et son projet d'extraction de bauxite dans les collines de Niyamgiri, dans l'est de l'Inde. Cette décision fait suite à une campagne menée pendant des années par les Dongrias Kondhs et d'autres communautés locales considérant que le projet de mine menace leur mode de vie. Cette décision s'est fondée en partie sur un rapport d'Amnesty International intitulé Don't mine us out of existence.
Après des années d'assignation à résidence, Aung San Suu Kyi, la plus célèbre prisonnière d'opinion du Myanmar, est libérée.
Salil Shetty est nommé secrétaire général d'Amnesty International.
Amnesty International compte maintenant plus de 3 millions de membres dans plus de 150 pays.
« Quant à moi, le fait de savoir que tous les sympathisants d'Amnesty International étaient là, en train de parler de lui, de recueillir des signatures, de brandir des affiches ou simplement de penser à lui, m'a apporté une grande force pour m'aider à continuer. » - Ronnate Tissainayagam, épouse du journaliste et prisonnier d'opinion sri-lankais J.S. Tissainayagam, libéré en juin 2010 à la suite d'une campagne massive d'envoi de lettres par les membres d'Amnesty International.
2011
Des chercheurs d'Amnesty International se rendent dans plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord pour recueillir des éléments sur la répression des mouvements en faveur de la démocratie et faire des propositions concrètes en faveur du changement dans le domaine des droits humains.
Amnesty International inaugure les célébrations de son 50e anniversaire en portant un « toast à la liberté », en souvenir de l'événement à l'origine de sa création. Des actions ont lieu toute l'année en lien avec la peine de mort, la liberté d'expression, les droits reproductifs, la justice internationale et les atteintes aux droits humains commises par les entreprises.